Le demain numérique : former à l’esprit critique. Un enjeu majeur de notre époque.
Par Stéphane H.
Fontaine d’ouche, à l’ouest de la ville , début d’après-midi en atelier de rue à Belin.
Les enfants descendent par grappes de leurs bâtiments pour rejoindre l’atelier de rue dans le quartier. Après de multiples allers-retours entre le coin cuisine et arts plastiques vient le temps, pour eux, de choisir entre l’espace couture, jeux sportifs ou la menuiserie.
Qu’est-ce que tu veux faire ? Tu as des idées ? Devant l’établi un enfant choisit une chute de bois. « Dessine-moi un réseau social ! Fabrique-moi un smartphone en bois ! ».
Voici, sans doute, le signe qu’une nouvelle génération d’hommes et de femmes s’élève devant nous. L’ère du numérique est là comme une déferlante digitale menaçant de se briser sur le phare de nos pratiques pédagogiques, comme un raz-de-marée qui engloutirait nos certitudes éducatives.
Déstabilisant ? Peut-être pas et même bien au contraire ! Une fois le smartphone en bois dessiné et découpé, il suffira de colorier les logos au feutre pour se sentir comme les grands !
Il est encore et toujours temps d’agir et l’on se doit d’user de pédagogie qui épouse les enjeux de notre époque afin de proposer aux enfants des outils permettant de se prévenir d’une certaine forme future d’aliénation et de domination propre aux GAFAM.
C’est que nous sommes tous devenus des médias, constamment en train de recevoir ou d’émettre de l’information. C’est l’heure de l’individu média plongé au cœur de la révolution numérique. Dès le plus jeune âge entouré par des écrans et sollicité par un torrent d’informations. Les médias nous entourent et forment une culture augmentée par le numérique.
La socialisation des jeunes sur internet, orchestrée par les firmes mondialistes, vient heurter de plein fouet le rôle d’une école et des familles en carence devant cette abondance d’informations. Derrière l’enfant média, il existe des enjeux de citoyenneté, de construction de l’opinion et d’attention à la liberté d’expression, de droit à l’information et à la communication.
Si l’on part du constat qu’au 21ème siècle, nous sommes tous des hommes et femmes médias, il se pose la question de la formation : s’approprier cette culture des médias pour ne pas la subir mais pour la comprendre, la critiquer et l’interroger.
En tant qu’association d’éducation populaire et de pédagogie sociale nous ne nous posons pas en moralisateurs, ni en juges mais nous tentons de porter un regard critique sur le réel qui nous entoure afin d’agir, au mieux, comme un levier pour l’émancipation de nos publics. Comprendre c’est critiquer et critiquer c’est s’interroger pour ne pas sombrer dans la pensée unique et potentiellement dangereuse de la révolution digitale.
Il faut forger sa personnalité sur le terrain comme cette chute de bois, dans les mains de cet enfant, qui deviendra smartphone et avoir le courage de la vérité pour se libérer de l’oppression. Prévenir plutôt que guérir, investir plutôt que surveiller et punir. Voilà certainement le défi pédagogique à relever envers « la génération Alpha », ces hommes et femmes de demain né·e·s dans l’ère numérique.
Stéphane