Un atelier en hiver
Par Hélène P.
Les ateliers d’hiver sont différents. Ils prennent un air d’hivernation.
Un état d’hivernation mais pas d’hibernation. Le rythme ralentit. On s’abrite sous les gros manteaux et le vitabris en cas de pluie. On est là mais le décor change. Les tables se rapprochent des luminaires. Les chaussures cherchent le sol sec et fuient la pelouse devenue boueuse. Le saule pleureur ruisselle : c’est sûr, c’est presque l’hiver.
L’hivernation, ce n’est pas l’hibernation. Ce n’est pas l’arrêt. On finit un peu plus tôt, c’est vrai. Après 18h30, les enfants souhaitent rentrer, alors à quoi bon ? La nuit est déjà tombée. Le noir et la bruine dijonnaise sont là… Au fait, qu’est ce qu’on fait là ?
L’hivernation. Décalage horaire. L’hiver qui s’annonce. Les feuilles qui tombent et la peau qui frissonne. Les livres sortis sur la table sont trempés. Et pourtant il ne pleut pas. Les jeux collectifs reprennent de plus belle. La chaleur est peut être là.
L’hivernation n’arrête pas le temps. Les enfants sont moins nombreux, c’est vrai. Mais les adultes pas forcément. L’occasion de voir du monde est rare, les degrés en moins nous forcent au rapprochement. Autour de la soupe chaude, d’une blague ratée ou juste d’un regard. Ce qui est important, c’est peut-être juste d’être ensemble, là.
L’hivernation a aussi du bon. C’est le moment de re-poser les choses et de laisser les choses se reposer. De prendre le temps de reprendre des bonnes habitudes. Du fonctionnement du collectif. Tout ça ne peut pas exister si personne ne cuisine. Si personne ne range. Si on ne s’écoute pas. Au fait, de quoi on se parle ce soir autour de la table ?
L’hivernation est peut être juste un ralentissement. De prendre le temps. De se rapprocher entre petits et grands. D’éprouver à nouveau le froid sans grande conviction au départ. De faire l’effort de sortir. Pour de bonnes ou mauvaises raisons mais pourtant d’être satisfait de l’avoir fait. Un peu comme quand on se force de prendre une douche quand on est enfant et qu’ensuite on est content.
L’hiver appelle l’économie mais appelle aussi à la vie. Elle est peut être plus discrète. Elle fait peut être moins de bruit.
Mais pourtant elle est là. Et nous aussi. Même en hiver.
Discrètement.
L’hivernation est là et elle porte la vie.
Hélène